Questions à Jean-Didier Laforgue, architecte

Texte

De quand date ce phénomène de résidentialisation ?

Il date des années 1990, mais c’est dans les années 2000 qu’il a été nommé ainsi. L’objectif premier de ces projets était, dans de vastes ensembles immobiliers, de rétablir des limites entre espace privé et espace public. Dans certains quartiers crées dans les années 1960, et c’est également vrai dans les villes nouvelles, on trouve près de 80 % d’espace public pour 20 % d’espace privé. C’est très lourd à gérer. Les ­commerces ont du mal, la sécurité est difficile à assurer. Aujourd’hui, il y a une vraie réflexion des aménageurs publics quant à la qualification de ces espaces. La tendance est d’inverser cette proportion avec la création d’espaces résidentiels qui ne se limitent plus à l’immeuble.

On parle beaucoup de résidentialisation pour résoudre les problèmes de sécurité. Est-ce le cas ?

Un traitement résidentiel n’a pas qu’une visée sécuritaire. Il ne s’agit pas de prendre un foncier brut et de mettre un grillage à poule. Lorsque l’on travaille sur un projet, on essaye d’établir des limites pour faire exister une adresse. C’est une montée en gamme par un traitement résidentiel, une qualification des espaces et une optimisation des usages. Une résidence bien pensée doit vous permettre d’apprécier l’environnement et le logement. Si vous aimez votre intérieur et que l’environnement immédiat de votre copropriété vous déplaît, il y a un effet retour fort : vous n’aimez plus votre logement. Lorsque le quartier est difficile, le fait de créer un espace intermédiaire entre le dehors et l’intérieur est bénéfique. C’est très important mais encore faiblement investi par les promoteurs dans le cadre de programmes neufs.

Type
  1. Interview