L’industrie manufacturière chinoise a connu un net repli en ce mois de mai, atteignant son plus bas niveau depuis septembre 2022, selon l’indice PMI publié ce mardi par le cabinet S&P Global et le média économique Caixin. Ce recul intervient en dépit d’un apaisement temporaire des tensions commerciales entre Pékin et Washington, acté le mois dernier. Cette accalmie intervenait après une escalade tarifaire qui avait semé le trouble sur les marchés.
Ce répit diplomatique n’a toutefois pas suffi à enrayer les difficultés de fond de la deuxième économie mondiale. Entre crise immobilière persistante, faiblesse de la consommation intérieure et endettement élevé des collectivités locales, les vents contraires demeurent puissants. En mai, le PMI s’est établi à 48,3, en recul de 2,1 points sur un mois. Ce chiffre reste en deçà du seuil des 50, qui sépare croissance et contraction, et contredit les anticipations des économistes interrogés par Bloomberg, qui misaient sur un rebond à 50,7.
Pour Zichun Huang, analyste chez Capital Economics, cette baisse inattendue traduit un essoufflement de l’activité : «Les difficultés structurelles internes ont largement éclipsé les bénéfices potentiels de la pause dans la guerre commerciale avec les États-Unis», observe-t-elle. À ces tensions internes s’ajoute une demande internationale en repli pour le deuxième mois consécutif, note de son côté Wang Zhe, économiste chez Caixin. Il appelle à des mesures ciblées pour stimuler la consommation, notamment par une hausse du revenu disponible des ménages.
Les chiffres publiés samedi par le Bureau National des Statistiques (BNS) allaient dans le même sens, tout en montrant un recul moins marqué. L’écart s’explique par le périmètre de l’enquête S&P Global-Caixin, centrée sur les petites et moyennes entreprises, alors que le BNS se concentre sur les grandes firmes publiques. Dans ce contexte morose, un signal encourageant tout de même : le moral des entreprises interrogées par Caixin semble s’être redressé en mai, après une chute brutale en avril. Un frémissement, porté par l’espoir d’un redémarrage progressif du commerce extérieur au cours des prochains mois.