Depuis sa création en 2015, la start-up Wingly est devenue la première plateforme de « coavionnage » en Europe. Cette espèce de BlaBlaCar des airs a déjà permis d’organiser 50.000 vols dans 45 pays différents. Avec plus de 450.000 utilisateurs et 23.000 pilotes inscrits sur son site, Wingly propose depuis peu des vols sur un avion électrique non polluant.
Première plateforme de partage de vols dans toute l’Europe, Wingly met en relation des passagers avec des pilotes privés passionnés. Cette start-up française, fondée à Paris en 2015, propose à des milliers de passagers, une nouvelle manière de découvrir l’aviation légère. En effet, Wingly offre aux pilotes privés et aux passagers une utilisation inédite de l’aviation légère. Il s’agit du « coavionnage », c’est-à-dire la transposition du modèle du covoiturage aux avions légers.
Il existe une différence essentielle entre le coavionnage et l’aviation-taxi. Avec ce dernier, on fait appel à une compagnie aérienne spécialisée dans l’aviation d’affaires pour se déplacer et réaliser son vol selon ses attentes. À l’inverse, basés sur l’économie collaborative, les vols proposés sur Wingly sont orientés loisirs et tourisme et ne s’inscrivent pas dans une logique de mobilité. À noter que la plupart des pilotes sont des passionnés d’aviation qui ont leur licence de pilote privé mais pas de transport public.
Le coavionnage procure des avantages à la fois côté passager et côté pilote. Avant tout, cette solution permet aux pilotes privés de proposer des sièges vacants sur leurs vols au départ des aérodromes locaux, pour un vol commun. Ce modèle permet surtout de partager les frais d’un vol privé et de le rendre accessible. En moyenne, une heure de vol avec un avion léger coûte 180 euros à un pilote. S’il embarque deux passagers avec lui, son vol revient à une soixantaine d’euros par personne. Sur Wingly, les tarifs varient ainsi entre 50 et 200 euros la place, selon la distance parcourue. Le pilote ne fait aucun bénéfice, les frais sont seulement partagés, ce qui lui permet de voler en moyenne deux fois plus dans l’année, pour deux fois moins cher et de pratiquer sa passion à moindre coût.
Ainsi, ce BlaBlaCar des airs a déjà permis d’organiser 50.000 vols dans 45 pays. Plus de 450.000 utilisateurs et 23.000 pilotes sont actuellement inscrits sur Wingly. Plus de 6.000 trajets y sont proposés et les prix pratiqués sont souvent raisonnables. Par exemple, un vol de 12 minutes en hélicoptère au-dessus du château de Chenonceau et du Cher est facturé 99 euros par personne. Il faut compter 79 euros pour une balade aérienne d’une heure autour du Bassin d’Arcachon. La page d’accueil du site ressemble à celle de n’importe quel autre service de covoiturage. Le client effectue simplement sa réservation pour un vol en indiquant le lieu où il souhaite s’envoler, la date de son voyage et le nombre de passagers prévus. Paris, Cannes, Arcachon, Montpellier, Aix-en-Provence, Nantes, Rennes, Toulouse et Tours figurent parmi les villes de départ les plus demandées, sans oublier la Martinique. Mais les balades aériennes les plus prisées sont le survol de Bandol à Cassis, la baie de Somme, les vignes autour de Colmar et la côte finistérienne.
Des critiques peuvent être émises par certains. En effet, encourager les particuliers à prendre les airs pour quelques minutes de plaisir ne semble pas correspondre aux objectifs visant à limiter l’empreinte environnementale des citoyens. Même si un avion de tourisme pollue beaucoup moins qu’un airbus A380, il faut savoir qu’une heure de vol nécessite 9 litres de carburant avec un rejet de 29 kilos de CO2 dans l’atmosphère. Quant à l’hélicoptère, même léger, il consomme entre 30 et 40 litres par heure. Récemment, Wingly a donc fait la proposition originale de développer l’utilisation de l’avion électrique pour calmer les critiques.
Sur le site, la réservation est désormais possible pour des vols à bord d’un Velis Electro. Cet appareil est fabriqué par la société slovène Pipistrel et pour le moment, il s’agit du seul avion électrique à disposer d’une certification de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA). La plateforme de coavionnage a célébré l’automne dernier son 100 000ème passager en vol, et depuis lors, les balades proposées grâce au Velis Electro sont plutôt bon marché. À titre d’exemple, 25 minutes au-dessus d’Albi coûte 49 euros par passager. Autre exemple avec le vol partagé de 45 minutes au départ de Vinon-sur-Verdon (Aéroclub Cadarache-Provence), qui est facturé 89 euros par personne. En guise de récompense, chaque passager reçoit de la part de Wingly un certificat de baptême de vol à bord du premier avion électrique au monde.
Enthousiaste, le président de l’aéroclub d’Albi, Frédéric Michiels, se félicite de l’utilisation de l’avion électrique en ces termes : « Pour nous, être acteur dans la transition écologique de l’aviation légère est une évidence. Pour preuve, notre Velis économise 14 tonnes de CO2 pour 280 heures de vol ! Ce changement doit aussi constituer une opportunité pour démocratiser l’aviation légère. ». Et il ajoute que « c’est donc naturellement que nous sommes heureux de rejoindre la plateforme Wingly pour partager l’expérience de l’avion électrique au plus grand nombre ».
Bertrand Joab-Cornu, l’un des cofondateurs de Wingly, renchérit : « Avec ces nouveaux vols 100% électriques, nous allons permettre à des passagers du grand public de réaliser un rêve tout en démocratisant une aviation plus propre et en faisant bouger les lignes du secteur. Ces vols sont la preuve que la révolution du secteur aérien n’est pas qu’une promesse mais une réalité. Toute l’équipe est très fière de ce lancement et a encore énormément de projets pour rendre l’aviation plus respectueuse de la planète. ». Cependant, certains expriment encore leur méfiance, pour ne pas dire leur défiance, à l’égard de ce type de déclarations cataloguées comme de vaines promesses. À l’instar d’Airbus qui promet de développer le premier avion à hydrogène d’ici 2035, le ZEROe, les grands constructeurs aéronautiques affichent leur ambition de lancer des avions moins polluants.
Mais pour rappel, le géant européen a encore vendu 801 appareils bien polluants, eux, au dernier Salon aéronautique du Bourget. Idem pour Boeing, le mastodonte américain qui arrive pourtant loin derrière avec ses 266 gros-porteurs commandés.