Les distributeurs sont tenus d’informer clairement les consommateurs des produits concernés par la « shrinkflation » ou « réduflation » dans leurs rayons. Découvrez cette pratique commerciale qui se développe avec la hausse des prix généralisée.
Aux grands maux, les grands remèdes. Le gouvernement a décidé de s’attaquer de manière concrète à la « shrinkflation », qui s’observe dans les rayons des magasins depuis le retour de l’inflation post-Covid. Cet anglicisme est la contraction des mots « shrink » (réduction) et « inflation » (augmentation des prix). Il désigne une nouvelle technique pratiquée par certaines marques pour augmenter leurs prix discrètement. La « shrinkflation » (ou « réduflation » en français) consiste en effet à réduire le poids ou le volume d’un produit (alimentaire ou non) sans modifier son prix.
Ainsi, dès le 1er juillet 2024, les distributeurs sont tenus d’informer les consommateurs de l’évolution à la hausse des prix des produits du fait d’une baisse de quantité. Cette décision fait l’objet d’un arrêté publié au Journal officiel du 4 mai dernier.
Concrètement, tous les supermarchés de plus de 400 m² en France devront obligatoirement apposer une étiquette visible et lisible sur l’emballage de tous les produits concernés par la shrinkflation, ou une affichette à proximité desdits produits, d’après l’arrêté du ministère de l’Économie. Les consommateurs retrouveront donc la formule consacrée par le texte indiqué dans ledit arrêté : « Pour ce produit, la quantité vendue est passée de X à Y et son prix a augmenté de …% ou …€ » avec les deux valeurs X et Y exprimées, « selon le cas, en poids ou en volume ».
Cette mesure acte un pas vers plus de transparence en faveur des consommateurs. Le phénomène de réduflation serait limité. Seules quelques dizaines de références seraient concernées, sur les 20 000 à 25 000 que compte un supermarché. C’est le constat établi par la ministre déléguée à la Consommation le 3 mai sur France Inter. Certains distributeurs ont déjà commencé à respecter l’arrêté du 4 mai.
Les industriels ne sont pas concernés par les obligations d’information pour le moment. Toutefois, un projet de directive européenne est à l’étude pour modifier ce cadre dès l’an prochain. En 2025, la directive Inco (concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires au niveau européen) pourrait être révisée pour définir les standards d’information concernant la réduflation.
En attendant, les consommateurs ne sont pas dupes selon une étude Ipsos datant de 2023 sur le sujet. Ainsi, sur l’ensemble des 33 pays sondés par l’institut, près de la moitié (46%) des consommateurs déclare avoir remarqué la diminution de la taille des produits pour un prix inchangé.
Selon l’institut, les consommateurs constatant fortement ce phénomène se trouvent surtout en Europe. La Grande-Bretagne arrive sur la première marche du podium avec près de deux tiers de sondés ayant remarqué ladite pratique (64%). Avec, sur la deuxième marche, la France (63%) et sur la troisième, l'Allemagne (62%).
En revanche, les consommateurs d'Amérique latine et d'Asie interrogés sont beaucoup moins nombreux à déclarer avoir remarqué cette tendance. Ainsi, seuls 28% des Colombiens et 30% des Indiens et des Chinois ont dit avoir constaté une diminution des quantités pour un même prix.
Dans le monde, moins de la moitié (48%) des personnes interrogées par Ipsos juge la pratique de la shrinkflation inacceptable. En revanche, la majorité des Français s’opposent à cette pratique : 67% s’en offusquent.
Les instances européennes partagent cet avis. Ainsi, la Commission européenne a très tôt pris la défense des consommateurs et qualifié cette pratique commerciale de « trompeuse » dès 2022. Des pays comme l’Italie ont alerté les autorités pour mettre fin à cette pratique. Quant à la France, elle a désormais légiféré sur le sujet en faveur des consommateurs.
Or, la « shrinkflation », et sa cousine la « cheapflation (remplacer un ingrédient par un autre de moins bonne qualité dans la composition d’un produit), ne sont pas des pratiques illégales.
L’application mobile et le site Internet SignalConso permettent à tous les consommateurs de faire remonter aux agents de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) les pratiques commerciales abusives. Ils gèrent les signalements faits par les consommateurs et les suites à donner. L’application sera bientôt modernisée notamment grâce à l’intelligence artificielle, pour améliorer son efficacité.