Voyager en 2024 est d’abord la recherche d’une expérience. On part à la rencontre d’une culture, on s’immerge dans la nature, on prend son temps. Slow tourisme, woofing, écotourisme… 70% des voyageurs de 20 à 45 ans privilégient ces nouvelles formes de tourisme, selon une étude du groupe hôtelier Hilton.
Les Millenials et la Gen Z veulent voyager autrement. Près des trois quarts de ces voyageurs âgés de 20 à 45 ans sont en quête d’authenticité, de connaissance et de découverte, selon l’étude « Tendances 2024 » du groupe hôtelier Hilton. Parmi les nouvelles formes de voyage qu’ils recherchent, le slow train s’inscrit dans la mouvance du slow tourisme, en plein essor depuis la pandémie de Covid 19. Finie la course entre les différentes villes d’un pays et place à la contemplation. Popularisé en 2019 par l’ouvrage de Juliette Labaronne, Slow train : 30 échappées ferroviaires pour citadins en mal de nature, le slow train remet à l’honneur quelques-uns des grands circuits ferroviaires qui ont fait les grandes heures du train. C’est le cas du Cévenol, une ligne mythique qui relie Clermont-Ferrand à Nîmes à travers les Cévennes en 5 heures. Le dépaysement est total. Autre destination, plus courte mais tout aussi impressionnante, le trajet qui relie Bayonne à Saint-Jean-Pied-de-Port. En 58 minutes, les voyageurs alternent entre mer, montagne et autres pâturages vers le Pays basque. Ces échappées ferroviaires ont pour particularité de ne s’appuyer que sur les TER, Intercités ou Transilien. Jamais le TGV. Une méthode réjouissante pour découvrir la France autrement. Autre option pour les méditatifs, embarquer sur une péniche ou un bateau et partir à la découverte des 8500 km de voies navigables de la France. Un tourisme fluvial qui permet de découvrir ou redécouvrir le territoire au fil de l’eau.
Toujours en vogue, le woofing est réservé aux voyageurs qui ont le temps (minimum 3 mois). Le principe est simple : le voyageur est nourri et logé gratuitement. En échange, il réalise quelques travaux dans la maison ou sur une exploitation agricole, etc. Il peut même être rémunéré dans le cadre de son activité. L’hôte s’engage de son côté à lui laisser assez de temps libre pour qu’il puisse visiter la région. Au-delà du travail manuel, le woofing permet de s’immerger dans un nouvel environnement et d’entrer au contact de la population locale, loin des circuits balisés. Une pratique née en Angleterre, dans les années 1970, et présente aujourd’hui dans 130 pays via la fédération internationale WWOOF. Et pour un peu plus d’immersion, les voyageurs peuvent opter pour le couchsurfing pour se loger, plutôt que de réserver des chambres dans un hôtel ou un Airbnb. Les hébergements en couchsurfing sont gratuits et visent à permettre aux voyageurs de dormir chez des locaux, au contact des familles. Là encore, l’objectif est de s’imprégner de la culture locale.
Réinventer le tourisme passe aussi par une conception du voyage vécu comme une aventure. L’idée de faire le tour du monde ou d’un pays en sac à dos en fait partie. D’ailleurs un sondage réalisé par One Poll pour eDreams ODIGEO en juillet 2023 révèle que 36% des Français voyagent seuls pour être libres de vivre l’expérience à leur rythme. Si les guides de voyages sont les meilleurs amis de ces aventuriers, de nombreuses applications permettent aujourd’hui d’être autonome et de découvrir un pays par ses propres moyens. Nearify offre un large éventail des événements qui ont lieu dans les villes. Eatwith associe des voyageurs à des locaux pour savourer des plats typiques à deux. Et pour rompre la solitude du backpacker, Partywith trouve les meilleurs partenaires de fête pour s’amuser jusqu’au bout de la nuit et Backpackr met en relation les voyageurs à un point précis de leur itinéraire.
Autre phénomène du tourisme alternatif, la pratique du cyclotourisme à la frontière entre le voyage sportif et contemplatif. Entre les voies vertes et les petites routes de campagne, les voyageurs ont de quoi faire en France. La vélo-voie verte du Canal des Deux-Mers dans le Tarn-et-Garonne en est un bon exemple. Quelque 800 kilomètres entre Royan à Sète, le long d’un chemin ponctué d’écluses et ombragé de platanes. Un trajet parfait pour les chaleurs caniculaires de l’été. Mais l’aventure à vélo s’étend à l’échelle européenne. Le programme EuroVelo, lancé en 1995, propose aux amateurs de cyclotourisme pas moins de 17 itinéraires cyclables européens. Sur les 91.500 km prévus pour le projet, 45.000 km sont déjà développés et traversent 42 pays. La France est concernée par 10 voies EuroVelo, soit 8.430 km au 1er janvier 2024. Ne reste plus aux voyageurs qu’à investir dans un bon vélo, sans oublier leur kit de réparation.
Enfin, pour voyager durablement, les personnes intéressées peuvent se tourner vers l’écotourisme. Défini en 1992 par la Société internationale d’écotourisme, ce type de tourisme est "une forme de voyage responsable dans les espaces naturels qui contribue à la protection de l’environnement et au bien-être des populations locales". En France, la Bretagne fait figure de pionnière en la matière avec près d’une vingtaine de stations vertes (Saint Aignan, Silfiac et Cléguérec…) et une trentaine de plages pavillon bleu. Nuit en chambre d’hôtes bio. Week-end en cabane dans les arbres. Séjour en éco-gîte ou encore randonnée responsable… Les solutions de dépaysement vert sont de plus en plus nombreuses. Le secteur est d’ailleurs en plein boom. En 2022, l’écotourisme à l’échelle mondiale a rapporté près de 170 milliards de dollars, d’après le cabinet de conseil en analyse de marché IMARC Group. Un chiffre qui devrait plus que doubler en 2028, selon le cabinet, et qui pourrait atteindre les 400 milliards de dollars de recettes.