Fin mai 2024, l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a abaissé de AA à AA- la note de crédit de long terme de la France. Quelles sont les conséquences sur les marchés financiers et quel impact pour l’épargne des Français ?
L'agence de notation avance trois raisons pour abaisser sa note. D’une part, la dette publique de la France devrait atteindre 112% du PIB en 2027 contre 109% en 2023. D’autre part, le déficit public, à 5,5% du PIB (produit intérieur brut) fin 2023, était supérieur aux prévisions du Gouvernement. Enfin, selon l’agence, le déficit public dépassera encore les 3% du PIB en 2027, malgré le regain d’activité économique et les réformes budgétaires mises en œuvre. Après un fort rebond en 2021 et 2022, le PIB de l'économie française a en effet fortement ralenti en 2023 et début 2024. Un rebond est attendu à partir de 2025, mais la situation financière de la France reste incertaine.
L’abaissement de la note de crédit a entraîné immédiatement un renchérissement de l’écart de taux par rapport au Bund allemand, donc des conditions de refinancement de la dette publique émise par la France sur les marchés financiers. Le rendement à 10 ans des obligations d’État était de 3,18% le 31 mai contre 3,16% la veille, 3,06% une semaine auparavant et 2,53% fin 2023. Cette dégradation ne peut que conforter certains investisseurs dans leur prudence à l’égard de la dette française. Toutefois, elle ne devrait pas provoquer de vente massive de la part des investisseurs français ou étrangers, car la signature de la France reste de bonne qualité dans l’ensemble.
Une hausse des taux d’intérêt tend à faire baisser la valeur des obligations détenues dans un portefeuille de titres. Elle pourrait donc conduire à certains ajustements de portefeuilles à court terme. Toutefois, le plus important pour les investisseurs reste l’évolution de long terme de l’économie française. La capacité du pays à accroître sa croissance économique potentielle, à améliorer la qualité et la productivité du travail et à attirer des investissements étrangers sont les principaux critères impactant l’épargne des Français à court et moyen terme. Évidemment, la dissolution de l’Assemblée nationale intervenue le 9 juin 2024 a rebattu les cartes et augmenté les incertitudes.