L’escalade séduit de plus en plus, y compris en milieu urbain. Fin avril 2024, la Fédération française de la montagne et de l’escalade (FFME) recensait quelque 118 642 licenciés. Ce sport en salle est adapté au mode de vie urbain et ne nécessite pas de matériel.
La croissance du marché de l’escalade de bloc semble inarrêtable ces dernières années. Cette discipline consiste à escalader une paroi sans corde ni baudrier. Les murs ne dépassent pas les 4,5 mètres. Les pratiquants s’agrippent à des blocs rocheux pour se déplacer. Un revêtement de sol adapté, jonché de crash pads, permet de tomber sans se faire mal. Aucun apprentissage particulier ou matériel n’est requis pour se lancer. Une paire de chaussons, souvent loués sur place, suffit pour entrer dans l’aventure.
L’activité séduit pour le dépassement de soi. L’objectif est de monter toujours plus haut, toujours plus vite. D’ailleurs, selon les chiffres de la Fédération française de la montagne et de l'escalade (FFME) près de 2,5 millions de Français se rendraient régulièrement en salle de bloc. Les tarifs moyens sont estimés à une quinzaine d’euros la session et une cinquantaine d’euros pour un abonnement au mois. À l’échelle mondiale, on compte près de 25 millions de pratiquants dans quelque 150 pays, selon le Comité international olympique (CIO).
L’escalade sportive naît en 1985, en Italie à Bardonecchia près de Turin lors d’une compétition nommée « SportRoccia ». Un an plus tard, une nouvelle manifestation sur un mur artificiel est organisée à Vaulx-en-Velin, près de Lyon. Puis l’escalade sportive obtient ses lettres de noblesse en devenant une discipline olympique dans le cadre des Jeux Olympiques de la Jeunesse à Buenos Aires en 2018.
Ce succès fait entrer ce sport parmi les multiples épreuves des JO de Tokyo de 2020 et de Paris 2024. On y trouve une épreuve de vitesse. Cette course contre la montre en duels éliminatoires voit les meilleurs athlètes grimper un mur incliné à 5 degrés de 15 mètres en moins de 6 secondes pour les hommes et moins de 7 secondes pour les femmes. Il y a aussi une épreuve de difficulté. Les sportifs doivent grimper le plus haut possible un mur de 15 mètres en six minutes et sans connaître la voie en avance. La France dispose d’ailleurs d’athlètes visant l’or dans ces deux disciplines : Oriane Bertone en combiné bloc et difficulté chez les femmes et Bassa Mawem en vitesse chez les hommes.
Dans le même temps, les salles se multiplient à un rythme effréné. Dans une interview accordée à la Fabrique Verticale, Damien Jacquart, responsable marketing et développement Commercial pour l’Union Sport & Cycle affirme que depuis 5 ans, 10% d’ouverture de salle de plus en moyenne chaque année. L’organisation estime même pouvoir atteindre le nombre de 500 salles sur le territoire hexagonal d’ici 2025. La salle d’escalade Climb Up à Aubervilliers est la plus grande salle d’escalade privée d’Europe avec ses 200 lignes de corde, 170 mètres de linéaire en bloc et 5000 mètres carrés de surface grimpable, au pied du métro, ligne 12, station Aimé Césaire. C’est un véritable temple pour les amateurs de grimpe.
Au-delà des grandes métropoles régionales et de la périphérie parisienne, les salles partent depuis peu à l’assaut des villes moyennes. Le groupe Climb Up a ainsi ouvert une salle au Mans en mai 2024. Granville vient d’ouvrir son premier bloc en 2024. Vannes va, elle aussi, accueillir une nouvelle salle du groupe B’Wall cette année. Même Donchéry, dans les Ardennes, ouvrira une salle de bloc en juillet 2024. Cela dit, la grimpe ne se pratique pas exclusivement en intérieur. En Île-de-France, la forêt de Fontainebleau, berceau de l’escalade en bloc, ravit les sportifs avec ses 27 000 voies praticables, de différents niveaux. Le Val Saint Martin, dans l’Eure, propose de gravir des falaises de craie et de silex façonnées par la Seine au fil des siècles, autour de la boucle des Andelys. Les fans de parcours atypiques peuvent se confronter au château d'eau de Saint Arnoult-en-Yvelines, et à ses 37 mètres de hauteur.
Le marché des salles d’escalade de bloc se rapproche de celui des salles de sports. Quelques grands groupes semblent se partager le gâteau. Parmi les principaux acteurs, on retrouve Climb Up, Arkose ou Climbing District. Le marché de l’escalade semble prometteur. Les leaders du secteur n’ont ainsi aucun mal à boucler leur tour de table au moment de lever des fonds. Récemment, la société d’investissement Calcium Capital vient d’investir dans Climb Up. De son côté, Climbing District a bouclé une levée de fonds auprès de la société de capital-risque Pléiade Venture et 123 Investment Managers en janvier 2024. Arkose a levé 10 millions d'euros auprès de NextStage AM pour se développer en Europe après avoir acheté son concurrent MurMur en 2018.
Les professionnels du secteur se réjouissent certes de la reprise de l’activité en 2023. Cependant, ils pointent du doigt les charges pesant sur leur chiffre d’affaires. La hausse des prix de l’énergie et des salaires conduit ainsi le marché à une certaine stabilisation. La création d’une salle d’escalade revient désormais beaucoup plus cher à un entrepreneur aujourd’hui. Le plus sage semble alors d’investir dans une entreprise ayant pignon sur rue.