Des barques au bois de Boulogne aux voiliers en haute mer en passant par les bateaux sans permis et les paquebots de croisière… les Français aiment toujours autant voguer sur l’eau. Les activités nautiques accessibles sont nombreuses. Tour d’horizon.
Le bateau a toujours le vent en poupe en France. L’Hexagone fait partie des grands pays nautiques d’Europe avec près de 4 millions de plaisanciers réguliers et 11 millions de pratiquants de sports nautiques en 2023, selon les données de la Fédération des Industries Nautiques (FIN). Avec près de 8500 kilomètres de voies d’eau navigables et d’innombrables lacs ou plans d’eau ouverts à la navigation de plaisance, les Français et les touristes ont de quoi en profiter, en ville comme sur les côtes ou même à la campagne. Le milieu urbain n’est pas en reste. En région parisienne, dès l’arrivée des beaux jours, les navigateurs en herbes prennent d’assaut les barques dévolues à l’exploration des Bois de Vincennes ou de Boulogne. Pour une dizaine d’euros de l’heure, il est possible de s’essayer au bateau en famille. De nombreuses entreprises proposent aussi en ville de louer à l’heure des bateaux électriques sans permis pouvant accueillir entre 5 et 11 personnes. Les prix varient de 45 à 90 euros l’heure en fonction de la taille du groupe et il est alors possible de traverser le canal de l’Ourcq, de longer l’île Seguin près de Boulogne ou de suivre un itinéraire nature à Strasbourg.
Le développement de la navigation en amateur tient en partie à l’essor des plateformes. Voiliers, semi-rigides, bateaux à moteur, catamarans… Explorer les mers à bord de son propre navire n’a jamais été aussi simple grâce à la location de bateaux entre particuliers. Des sites comme Click and Boat se présentent comme le « Airbnb du monde nautique ». Les justificatifs et l’ensemble des contrôles techniques nécessaires au bateau pour naviguer sont recueillis par la plateforme et le client n’a plus qu’à réserver. Sauf mention contraire indiquée sur le descriptif du bateau, le carburant et les frais de port ne sont pas inclus dans le prix de la location affichée sur le site. Cela peut représenter un investissement important. Par exemple, la location d’un catamaran Rapier 400 Cabriolet pour une journée est de 957 euros hors carburant et frais de port du côté de Marseille. Samboat surfe sur la même tendance et propose à la location près de 50 000 bateaux partout dans le monde. Si les plateformes proposent de louer des bateaux sans permis, l’essentiel des navires ne peut être conduit qu’avec l’obtention du précieux sésame.
On distingue en navigation trois types de permis différents. Le permis côtier, nécessaire pour naviguer en mer à bord d'un bateau à moteur, permet de voyager de jour comme de nuit et autorise son détenteur à piloter des embarcations dont la puissance du moteur est supérieure à 6 CV. Si l’on peut naviguer le long des côtes avec, il n’est pas autorisé de s’aventurer sur l’eau au-delà de 11 kilomètres d’un abri. Pour aller plus loin, il faut obtenir une extension au permis côtier, le permis hauturier, avec plus de limites lorsqu’on embarque en mer. Enfin, pour profiter des eaux intérieures, il faut obtenir le permis fluvial, aussi appelé permis plaisance en eaux intérieures ou « permis fluvial ». Le détenteur dudit permis ne peut naviguer en mer, mais il profitera en péniche des fleuves, canaux et rivières du territoire. Pour l’année 2021-2022, plus de 90 000 permis ont été délivrés à des particuliers.
Le bateau n’est pas seulement un loisir. Le poids économique de l’univers nautique n’est pas négligeable. Selon les données de la FIN datées de 2023, on compte 5722 entreprises et 42 194 salariés dans l’industrie et les services nautiques, pour un chiffre d’affaires de 4,95 milliards d’euros. Quelque 65 742 bateaux ont été produits en France en 2021-2022 dont 3381 voiliers et 9546 bateaux à moteur. Parmi ces navires, quelques paquebots de luxe trouvent leur place, construits sur l’historique chantier de Saint-Nazaire. Créé par un Écossais en 1862 en Bretagne, ce chantier naval moderne a vu naître quelques-uns des bateaux de croisières les plus célèbres de l’histoire comme l’Impératrice Eugénie, en 1864, le premier navire transatlantique construit sur le chantier. Autre succès, le Normandie, mis en service en 1935, a longtemps été considéré comme le bateau transatlantique le plus luxueux et le plus rapide du monde. Enfin, rappelons que c’est là qu’est né le France, lancé en 1962 et qui restera, jusqu’en 2003, le plus grand paquebot du monde avec ses 315 mètres de long.
Les bateaux de croisière ont d’ailleurs toujours autant de succès auprès du grand public. Selon les données de l’Association internationale des croisiéristes, en 2023, quelque 31,7 millions de personnes sont parties en croisière, soit 7% de plus qu’avant la pandémie Covid-19. D'ici 2027, les croisières devraient accueillir 40 millions de passagers, selon l'association. Cette tendance pousse les acteurs de la construction de bateau à accélérer. Ainsi, 63 paquebots sont inscrits au carnet de commandes des cinq prochaines années, dont de nombreux paquebots de luxe montés en France. C’est le cas d’Ilma, un navire de 240 mètres de long pouvant accueillir près de 450 passagers et presque autant de membres d'équipage, commandé par le groupe Marriott. Ce palace sur la mer sera doté de 228 suites de minimum 25 mètres carrés avec balcon, terrasse et vue panoramique sur la mer. Les prix des billets démarrent à 18 000 dollars la semaine. Ils peuvent aller jusqu’à 200 000 dollars pour les suites les plus prestigieuses. À ce jour, 34 % des navires en circulation dans ce secteur font moins de 1000 places, 39% entre 1000 et 3000 et 28% entre 3000 et 4000.