À l’heure où les marques de luxe rééditent d’anciens modèles, les Français semblent rester très attachés à leur montre… Oui mais laquelle ? Cartier, Rolex, Omega… De la montre à gousset à la montre connectée, quelle est l’évolution des usages des Français ?
La passion des Français pour les montres ne faiblit pas. Il suffit pour s’en convaincre de se reporter à la dernière étude de Watchfinder publiée en 2022. La plateforme britannique d’achat et de revente de montres d’occasion, désormais propriété du groupe Richemont, a déterminé le palmarès des modèles les plus recherchés par les internautes hexagonaux sur Google en analysant plus d'1,7 million de clics sur Internet. Sans surprise, Rolex arrive en tête du classement. Sur l’année 2022, la marque à la couronne représente près de 30% de l'ensemble des recherches de montres de luxe dans le pays.
Parmi les modèles favoris, la mythique Submariner l’emporte et totalise 532 600 recherches Google effectuées en France, soit plus de 44 000 par mois. Suit la Cosmograph Daytona, le célèbre garde-temps au poignet de Paul Newman dans le film Virages avec 514 600 clics (plus de 42 800 par mois). La Datejust arrive en troisième position. Elle fut, lors de sa création en 1945, le premier bracelet chronomètre automatique et étanche à afficher la date dans un guichet situé à 3 heures. Le modèle a été recherché 262 200 fois sur Internet en 2022.
Les horlogers ont bien saisi cet engouement des amateurs de montres pour les modèles les plus anciens. Leurs collections proposent ainsi de régulières rééditions. En 2022, Cartier a réédité la Tank Chinoise, l’un des modèles les plus iconiques de la marque. Lancée en 1917, la Tank a compté au fil des décennies toute une série de déclinaisons jusqu’à l’arrêt total de la production, en 2004. Trois modèles ont ainsi été vendus. Celui en platine, limité à 150 pièces a été vendu au prix unitaire de 16 000 euros. Un modèle or, produit à 250 exemplaires, était proposé à 12 000 euros et une pièce en acier à 5 100 euros.
Autre réédition historique, la Speedmaster Apollo 11 par Omega a été relancée en 2019 pour fêter les 50 ans des premiers pas sur la lune. Portée par Neil Armstrong et Buzz Aldrin le 21 juillet 1969, elle est la toute première montre à être allée sur l’astre lunaire, d’où l’intérêt de sortir une nouvelle édition limitée de 6969 pièces. Les index, ainsi que la lunette, le logo et la quasi-totalité des aiguilles sont habillées d’or Moonshine™ 18 carats. Il s’agit d’un alliage plus pâle que l’or jaune traditionnel et plus résistant à la décoloration. Le centre du fond de boîtier affiche l'empreinte de Buzz Aldrin sur le sol lunaire gravée au laser. On y trouve également cette citation de Neil Armstrong gravée en lettres plaquées or : « That's one small step for a man, one giant leap for mankind » (C’est un petit pas pour l’homme, mais un bond de géant pour l'humanité). Cette montre est vendue aux alentours de 15 000 euros.
Si les premiers mécanismes horlogers datent de la fin du XIVe siècle, il faut attendre le XVe siècle pour que la montre de poche apparaisse dans la société bourgeoise. Imposante dans un premier temps, elle s'aplatit peu à peu à partir du XVIe siècle. La montre à gousset de poche apparaît au XIXe siècle. Ses auteurs sont Jules Audemars et son associé Edward Piguet. De moins en moins cher à produire, cet objet va se diffuser à l’ensemble de la société, même chez les classes les moins fortunées. La montre-bracelet connaîtra la célébrité à partir de la Première Guerre mondiale. Si auparavant, cet objet était réservé aux femmes, son aspect pratique va prendre le pas. La montre-bracelet va alors s’imposer avant de muter en montre connectée. Les modèles archaïques datent de la fin des années 1980. Ils permettent alors d’envoyer des messages en connectant la montre à un ordinateur.
Il faut attendre le lancement de l’Apple Watch en 2015, pour que le secteur de la montre connectée connaisse un essor certain. Outre la possibilité de lire l’heure et de consulter ou d’envoyer des messages, le précieux objet est devenu un outil qui permet aussi bien de monitorer sa santé (podomètres, électrocardiogramme, taux d’oxygène dans le sang…) que détecter si un accident grave est arrivé au porteur de la montre, en cas de chute, et de prévenir les secours.
De nouveaux matériaux prennent désormais de l’importance dans nos montres comme la céramique high-tech. Longtemps marginale, elle se déploie chez tous les horlogers. Ultrarésistante, elle était jusque dans les années 80 utilisée uniquement dans l’aérospatiale pour fabriquer les nez de fusée ou les boucliers thermiques. La marque Rado est la première à lancer des montres réalisées à partir de cette matière. Ainsi, Swatch fait évoluer le matériau dès 2020 avec la réédition de ses modèles Swatch 1984 Reloaded. Les garde-temps avaient été fabriqués en biocéramique, un mélange aux deux tiers de céramique et d'un tiers de matériaux biosourcés.
Un autre élément bouleverse le secteur de l’horlogerie : le titane. En vogue depuis les années 90, il permet de concevoir des modèles uniques comme ce garde-temps réalisé par Ferrari et Richard Mille : la RM UP-01 Ferrari. Une montre de 30 grammes, dotée d’un boîtier de 1,75 mm d’épaisseur et qui est officiellement la montre la plus fine du monde. Composée de titane grade 5 (un alliage mêlant 90% de titane, 6% d’aluminium et 4% de vanadium), elle résiste aux chocs et possède une étanchéité de 10 mètres. Un objet rare dont il n’existe que 150 pièces dans le monde. Il est proposé à la vente pour 1,8 million d’euros.