Pour la première fois de son histoire, l’énergie éolienne supplante certaines énergies fossiles aux États-Unis, en matière de production d’électricité. Cette tendance devrait perdurer.
Les États-Unis misent beaucoup sur le vent en matière d’énergies renouvelables. Cette stratégie s’avère vertueuse. Outre-Atlantique, les investissements dans le parc éolien se multiplient. Le Bureau des énergies marines américain (Bureau of Ocean Energy Management, Boem) a donné son accord, en 2023, pour la construction du plus grand parc éolien offshore du pays, au large de Virginia Beach, en Virginie. Le Coastal Virginia Offshore Wind, d’une puissance de 2600 MW, devrait fournir à l’horizon 2026 assez d’électricité pour assurer la consommation de près de 900 000 foyers (soit l’équivalent de la population du Dakota du Sud). L’administration américaine souhaite installer assez de pales pour produire près de 30 gigawatts d’énergie éolienne en mer d’ici 2030 sur les côtes du pays, soit l’équivalent d’une trentaine de réacteurs nucléaires. Cela permettra d’alimenter quelque 10 millions de foyers, soit l’équivalent de la population de l’État du Michigan. Les projets s’enchainent. Début 2024, la ferme éolienne South Fork, située à une cinquantaine de kilomètres de Montauk (Long Island), au large de New York, a été inaugurée. Cette installation de 12 turbines permet d’alimenter en énergie près de 70 000 foyers.
Le tournant pris par les États-Unis sur l’éolien porte ses fruits. Le 29 mars 2022, les éoliennes ont ainsi fourni plus d’électricité que les centrales à charbon ou le nucléaire dans le pays, d’après l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). Le parc éolien a permis de générer en une journée 2017 gigawattheures (GWh) d'électricité, contre 1989 GWh pour l’atome et 1822 GWh pour le charbon. La production annuelle d’énergie éolienne progresse d’année en année, même si elle marque le pas ces derniers mois. En 2000, les États-Unis produisaient 6 milliards de kilowattheures (kWh) contre près de 380 milliards de kWh en 2021. La part de l’énergie éolienne dans la production totale d’électricité dans le pays atteignait les 10% en 2022. Cela laisse espérer aux analystes des performances nettement supérieures dans les années à venir. La croissance des énergies renouvelables dans le pays laisse douter de l’avenir des énergies fossiles, plutôt en bout de course. Selon le dernier rapport de BloombergNEF, ces nouvelles énergies couvrent 23% de la demande en électricité dans le pays et le charbon 16%. Le gaz naturel demeure encore important avec une part estimée à 43%.
Ces investissements colossaux renouent avec l’histoire même de l’éolien. Si le principe de l’énergie créée par le vent naît au Moyen-Orient, dans l’Antiquité, aux alentours de 600 avant J-C, il se généralise en Europe à travers les moulins, vers le XIIe siècle. Puis en 1887, la première éolienne électrique voit le jour aux États-Unis. Imaginé par Charles Francis Brush à Cleveland, ce dispositif de 18 mètres de haut pour 17 mètres de diamètre alimente en électricité la maison de l’inventeur. À l’époque, elle se compose de 144 pales et produit 12 kW. Le Danemark prend la suite avec le météorologue Poul La Cour à l’origine de la première éolienne industrielle en 1890. Surnommé le « Edison Danois », il croit beaucoup en cette énergie et cela a permis au Danemark d’avoir 3% de son énergie produite grâce à l’éolien en 1918.
Depuis, la part de l’éolien dans le monde ne cesse de progresser. Dans son dernier rapport publié en avril 2024, l'association professionnelle Global Wind Energy Council (GWEC) note qu’en 2023, l’ensemble des pays du monde ont installé pour 116 gigawatts de nouvelles capacités en énergie éolienne. Cela représente une augmentation de 50% par rapport à 2022. La Chine reste le premier installateur d’éoliennes maritimes et terrestres, suivie par les États-Unis, le Brésil, et l’Allemagne. Aujourd’hui, 7 pays produisent la totalité de leur énergie à partir de sources renouvelables, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA). Il s’agit de l’Albanie, du Bhoutan, de l’Éthiopie, de l’Islande, du Népal, du Paraguay et de la République démocratique du Congo. Plus de 99,7% de l'électricité provient de la géothermie, de l'hydroélectricité, de l'énergie solaire et de l'énergie éolienne. La France, elle, souhaite atteindre 33% d’énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie du pays à l’horizon 2030, contre 23% en 2022. L’éolien représente pour l’heure 12% de la production primaire d’énergie renouvelable dans l’Hexagone.