La passion des Français pour les vide-greniers et les brocantes a ses raisons. On recense des facteurs économiques, écologiques et historiques. Les premières brocantes seraient ainsi apparues au XVème siècle. Depuis, la seconde main retrouve ses lettres de noblesse sur fond d’inflation et de défense de l’environnement.
Chaque année, en France, les chineurs attendent avec impatience le mois de septembre. La rentrée est en effet le moment clé où de grandes braderies s’organisent sur tout le territoire. Celle de Toulouse (du 5 au 7 septembre 2024), celle de Dijon du 6 au 8 septembre, celle de Marseille le 7 septembre ou encore l’iconique braderie de Lille du 14 au 15 septembre, sont autant de rendez-vous incontournables pour les amateurs de bonnes affaires. Cette dernière est d’ailleurs citée pour la première fois dans les textes du Moyen-Âge au XVème siècle sous le nom de « franche foire ». Les commerçants peuvent y vendre librement leurs marchandises sans taxes. Les domestiques les rejoindront plus tard pour vendre les vieux objets de leurs employeurs. Plus tard, au XIXème siècle, les ouvriers pauvres viendront eux aussi vendre et acheter des objets d’occasion. La Grande Braderie de Lille est réputée pour être la plus grande braderie européenne. En Île-de-France, il y a la Grande Braderie de Houilles. Elle se déroule le 6 octobre 2024 et réunit 1 500 exposants sur 10 kilomètres de rues.
Tout au long de l'année, brocantes et vide-greniers rythment la vie des chineurs. Selon un récent sondage OpinionWay réalisé en janvier 2024 pour les célèbres Puces de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, 60% des sondés envisagent de se rendre en brocante prochainement et 59% dans un vide-greniers. Parmi les produits de seconde main privilégiés par les acheteurs, les vêtements arrivent en tête (31%) suivis par les produits culturels (28%). Pour 71% des personnes interrogées, les brocantes et les puces permettent de trouver des objets uniques. Outre la recherche de la singularité de certains produits, l’achat d’objets de seconde main est aussi l’occasion de faire des économies. Les marques l’ont bien compris et de grandes enseignes comme Darty ou la Fnac proposent désormais, sur Internet, une gamme de produits d’occasion sous le nom de 2nde vie. Ces produits sont jusqu’à 50% moins chers, reconditionnés et vendus avec une garantie de 24 mois. Cette solution écologique et économique séduit de plus en plus les consommateurs, surtout en période d’inflation.
Les enseignes de différents secteurs misent donc de plus en plus sur la seconde main pour afficher leur préoccupation environnementale. C’est notamment le cas de la filière Mode. Avec Second Love, sa marque dédiée à l’occasion, The Kooples propose ainsi des t-shirts à seulement 11 euros. Le fonctionnement est le même pour Changer demain, la section seconde de main de Petit Bateau ou encore Re-sell chez Balenciaga. Cela permet aux marques d’attirer une nouvelle clientèle, plus engagée ou avec des revenus moins importants, sans ternir l’image de la marque principale. Ce calcul semble assez astucieux. En effet, d’après l’étude Tripartie 2024, le marché de la seconde main du luxe a récemment enregistré une croissance annuelle de 15,5%, atteignant 35 milliards d'euros à l'échelle mondiale. En 2023, 73 % des Français ont acheté un produit d'occasion au cours des 12 derniers mois, rappelle l’étude Novascope seconde main édition.
Les vide-greniers deviennent aussi numériques Très populaires, les vide-greniers s’organisent désormais aussi en ligne. Si des sites comme Leboncoin ou Ebay peuvent s’apparenter à de grandes brocantes numériques, des plateformes plus spécialisées, depuis, ont vu le jour. C’est le cas par exemple de Selency. Lancé en 2014, le site permet de vendre des pièces uniques. Une équipe interne vérifie la provenance et le bon état des objets. Il n’est pas possible, même en tant que particulier, de revendre sa vieille commode Ikea depuis le site. La plateforme possède également son propre service de livraison en France, en Belgique, au Luxembourg, en Suisse, en Allemagne et aux Pays-Bas. Izidore s’inscrit dans une démarche similaire. Le réseau en ligne Auvidegrenier.fr propose d’entreposer les objets vendus par les particuliers dans des étals de magasin. L’usager choisit les dates durant lesquelles il souhaite voir ses biens exposés, puis vient récupérer les invendus et l’argent gagné une fois le délai écoulé.
Plus original, des établissements de café-brocantes ouvrent leurs portes un peu partout en France. Le concept est simple : tout est à vendre dans le lieu, même les verres. Ces boutiques hybrides, savamment décorées comme Le Grand Marché Stalingrad à Paris, regroupent parfois en un espace une galerie d’art, un fleuriste, une épicerie, une terrasse-bar et un concept-store de meubles design... À Marseille, les chineurs se donnent rendez-vous au Joli Rouge, rue d’Aubagne, pour boire un verre, ou s’offrir un objet vintage. Dans les Deux-Sèvres, le café brocante Jour de fête a ouvert en juillet 2023 à Parthenay.