Depuis plusieurs années, la consommation de vin des Français diminue. Elle aurait ainsi chuté de près de 70% en 30 ans. Le vin n’a cependant pas perdu sa place à table. D’ailleurs, les Français sont plus nombreux qu’avant à être prêts à dépenser davantage pour des bouteilles de meilleure qualité.
La saison des vins reprend en France. La rentrée du mois de septembre signe ainsi le retour des vendanges. Il s’agit d’un temps fort sur le plan symbolique et sur le plan économique. En effet, chaque année, en Bourgogne-Franche-Comté par exemple, plus de 40 000 vendangeurs sont sollicités pour assurer la récolte, d’après l’Agence nationale paritaire pour l’Emploi et la formation dans l’Agriculture. Cette étape fondamentale de la fabrication du vin vise à sélectionner les meilleurs raisins, ramassés à pleine maturité. Les premières traces de viniculture remontent à près de 6 000 ans avant J-C, en Géorgie. Si au départ les vendanges étaient une activité communautaire, impliquant toute la population locale, elles se sont professionnalisées avec le temps. Le XVIIème siècle, notamment, marque un tournant en France avec l’essor des grandes régions viticoles d’aujourd’hui comme Bordeaux, la Bourgogne, la Champagne…
Dans le même temps, les foires aux vins s’emparent des villages et des grandes surfaces. Ce rendez-vous incontournable des amateurs de bonnes bouteilles et de bonnes affaires démarre lui aussi début septembre. La totalité des appellations françaises sont généralement disponibles. L’objectif pour les professionnels est de vider à temps leurs fûts en proposant des bouteilles à prix cassés. Le concept serait né en 1973, dans un centre E. Leclerc breton et aurait ensuite rapidement gagné tout le pays. L’idée était de démocratiser les grands crus ou au moins les vins de meilleure qualité. Les consommateurs ont d’ailleurs toujours tout intérêt à scruter le calendrier des grandes enseignes de supermarchés proposant des semaines dédiées à la foire du vin. Chez E. Leclerc par exemple, elle se tiendra du 1er octobre au 13 octobre 2024. Auchan organise la sienne du 10 au 29 septembre en supermarchés et Biocoop du 19 septembre au 14 octobre.
Si ces événements populaires contribuent à rassembler les Français autour du vin, le secteur viticole national n’est toutefois pas au mieux de sa forme. D’après une publication du service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture, selon les premières estimations établies au 1er août 2024, la production viticole se situerait en 2024 entre 40 et 43 millions d'hectolitres. Ce niveau est inférieur à 2023 et à la moyenne 2019-2023. De plus, la production est attendue en baisse dans presque tous les bassins viticoles. Ce recul est dû aux différents épisodes sanitaires et climatiques ayant affecté les vignobles comme les gelées de printemps en Champagne et les fortes précipitations favorisant un mildiou virulent en Bourgogne. En parallèle, la consommation de vin recule en France. D’après une étude conjointe de FranceAgriMer et du Comité National des Interprofessions des Vins réalisée par Ipsos Observer en décembre 2023, la consommation individuelle moyenne de vin des Français a chuté de près de 70% entre les années 1960 et 2022. Cet effondrement serait lié au renouvellement des générations et au changement structurel des comportements. Dans les années 1980, près de la moitié de la population nationale disait consommer du vin régulièrement contre 11% en 2022.
Par ailleurs, les amateurs de vin français semblent se tourner petit à petit vers le vin bio. D’après l’observatoire millésime bio de la consommation des vins biologiques, le chiffre d’affaires du vin bio a progressé de 6,3% en 2022. Dans le même temps, celui de la production « classique » a reculé. Cette croissance est davantage alimentée par la vente sur exploitation, auprès de cavistes ou dans les cafés, hôtels et restaurants. Le vin en biodynamie et le vin naturel se font aussi une place de plus en plus importante sur la table des Français. Dans le premier cas, le viticulteur recourt à des pulvérisations à base de plantes (ortie, prêle, valériane, sauge...) et de minéraux (silice) pour dynamiser la vie du sol et renforcer la vigne. C’est une forme de phytothérapie de la vigne et des sols pour lui permettre de mieux résister aux maladies (mildiou, oïdium...) ou au gel. Pour le second, les viticulteurs s’engagent à ne faire appel à aucun intrant dans le processus de vinification. Ces vins semblent répondre à la tendance du « boire moins, mais mieux » et rassemblent une communauté de buveurs occasionnels plus jeune et plus diversifiée.
Enfin, le prix d’achat de la bouteille de vin continue d’augmenter. Selon une enquête menée par Ipsos en 2021 pour Millésimebio, cette année-là, le prix moyen dépensé pour une bouteille était de 11,7 euros, soit 56% de plus par rapport à 2015. Seuls 29% des consommateurs étaient prêts à dépenser en moyenne moins de 5 euros pour une bouteille en 2021 contre 36% en 2015. De plus, 9% des personnes sondées déclaraient acheter des bouteilles à 20 euros en moyenne, soit une hausse de 6 points en 6 ans. Cela dit, les occasions de boire sont moins fréquentes pour les jeunes générations. En tout cas, d’après une enquête publiée en mai 2024 par Santé Publique France, entre 1992 et 2021, la fréquence de consommation d’alcool diminue fortement chez les 18-24 ans par rapport aux 65-75 ans. L’enquête relève ainsi 64 jours de consommation d’alcool par an pour les plus jeunes, contre 123 jours pour les plus âgés. La quantité est toutefois plus importante chez les jeunes : ils consommeraient en moyenne plus de 3 verres contre un verre et demi pour leurs ainés.