De Drouot aux ventes d’appartements à la bougie… les ventes aux enchères sont toujours aussi populaires chez les Français. Certains souhaitent gagner un peu d’argent en vendant des objets de valeur, quand d’autres cherchent à s’offrir un bien immobilier à bas coût. Les motivations sont variées.
Un manoir abandonné au cœur du village de Treignac en Corrèze a été vendu 23 000 euros en 2024. Des pistolets ayant appartenu à Napoléon Ier ont été achetés pour 1,69 million d’euros en salle de vente. Le marché des enchères françaises regorge d’objets plus ou moins insolites ayant fait la grande et la petite Histoire. Ce mode d’achat permet parfois d’obtenir des produits rares ou peu chers. Cela explique ainsi le succès encore important de ce type de transactions. Selon les données du Conseil des maisons de vente publiées en mars 2024, le marché a progressé de 7,1% sur un an en 2023 avec un montant total adjugé de 4,6 milliards d’euros. Les ventes d’objets de mode et d’accessoires ont bondi de 55% en 2023, celles des véhicules de collection de 8% et la vente de joaillerie et orfèvrerie de 5%. Les véhicules d’occasion et le matériel industriel mis aux enchères trouvent aussi davantage preneur (+24%).
Les origines de la vente aux enchères remontent à l’Antiquité romaine. Les « auctiones » étaient fréquentes et populaires. Les ventes de l’époque étaient précédées de publicités par affiches et annonces faites à l'oral durant la Rome antique. Elles s’organisaient par l’intermédiaire d’un officier public. En France, il faut attendre le milieu du XIIIème siècle pour voir apparaître les premiers textes juridiques encadrant la vente aux enchères. Si jusqu’en 1800 les enchères se tiennent au domicile du vendeur, en 1852 est créé, dans un ancien manoir, l’hôtel Drouot, la chambre des enchères par excellence. Le commissaire-priseur est le garant de la procédure, mais les notaires et les huissiers de justice sont habilités pour organiser des enchères. Cet univers draine tout un folklore dont il reste des traces de nos jours avec les enchères à la bougie. Née durant le XVIIème siècle, cette pratique consiste, comme son nom l’indique, à céder l’objet de la vente à la personne ayant fait la dernière offre avant l’extinction de la flamme d’une bougie. D’autres techniques sont par la suite venues apporter de la nouveauté aux enchères traditionnelles comme les enchères dégressives : le prix diminue toutes les 30 secondes. L’enchère dégressive s’arrête suite à la première offre faite par un participant. Les autres ont toutefois la possibilité de déposer une offre inférieure avant de quitter la salle d'enchère. Il y a aussi des enchères en ligne, sur le site dédié des notaires (immonotairesencheres.com), ceux des maisons telles que Drouot ou encore ceux d’entreprises privées comme Kadran, Interenchères, Agorastore ou même Ebay.
Si Internet rend les enchères accessibles au plus grand nombre, la télévision contribue aussi à la popularité de ce type de transaction auprès du grand public. Ainsi, des émissions comme Un trésor dans votre maison, sur M6, Affaire Conclue sur France 2 ou encore des programmes américains tels que Pawn Stars et Storage War, évoquent la possibilité de trouver des trésors dans sa propre maison pour les revendre aux enchères par la suite. D’ailleurs depuis vingt ans, les Journées Marteau permettent aux particuliers, néophytes ou connaisseurs, de faire expertiser et estimer gratuitement leurs objets. Cela peut être un premier contact avec l’univers des enchères. L’édition 2024 s’est tenue du 27 mai au 2 juin.
Le contexte économique joue aussi un rôle important dans le succès des enchères auprès du grand public, notamment en immobilier. En matière de logement, les enchères notariales permettent parfois d’obtenir des biens décotés de 10% à 20% par rapport au prix du marché. La mise à prix aux enchères notariales est généralement de l’ordre de 75% de la valeur du bien. Pour y participer, l’acheteur potentiel remet au notaire chargé de la vente un chèque de banque, dès le début de la séance, appelé chèque de consignation. Les enchères domaniales, elles, sont organisées par l’État, dans les préfectures de département ou les hôtels des impôts. Les biens vendus sont souvent des bâtiments atypiques comme des casernes, des gares ou des terrains. On y trouve quelques logements issus de successions vacantes, car sans hériter. L’avantage des ventes domaniales est l’absence de frais notaire. L’acte de vente est rédigé gracieusement. Enfin, les enchères judiciaires permettent de vendre des objets saisis par la justice. Ces ventes se tiennent dans les tribunaux de grande instance et les participants ont besoin de faire appel à un avocat pour y participer. Ce dernier se charge de porter les enchères pour le compte de l’acquéreur. En cas de non-paiement, la vente est annulée et le bien remis en vente. Cependant, l’acheteur défaillant devra tout de même s’acquitter de l’ensemble des frais de vente.
Si les ventes aux enchères donnent parfois l’occasion de trouver des biens peu chers, surtout pour les ventes judiciaires, elles comportent quelques frais annexes, à commencer par les frais de mise en vente. Ils sont constitués d'une part des coûts engendrés par la préparation de la vente aux enchères et d'autre part des frais de publicité et d'organisation des enchères. L’acquéreur peut les retrouver sur le cahier des charges. Les frais de notaires doivent également être payés par l’acheteur, sauf dans le cas des enchères domaniales. Autres frais annexes : les débours sont des sommes avancées par le notaire dans le cadre du traitement du dossier. Enfin l’acquéreur s’acquitte de frais d’achat, c’est-à-dire des droits et taxes de mutations standards, propres à toute acquisition immobilière, à payer auprès du Trésor Public.