Tissu vivant, chauffant, ultrarésistant… L’avenir du textile s’invente dans les laboratoires de recherche et au sein de certaines jeunes entreprises, prêtes à mettre sur le marché des vêtements innovants et plus durables. Éclairage.
Porter les mêmes vêtements toute l’année quelle que soit la température : ce rêve est désormais à la portée de tous. Des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) viennent de mettre au point un textile capable de réagir au changement de température extérieure. La fibre se serre et se desserre en fonction du thermomètre. Nommée FibeRobo, elle se compose d’un élastomère à cristaux liquides. Celui-ci réagit pour conserver la chaleur près du corps humain. Les applications de cette petite révolution pourraient être multiples. D’une part sur le plan médical, cela favorise la circulation sanguine à travers une compression des fibres. D’autre part, sur le plan sportif, cela permet aux vêtements de se desserrer en cas d’effort important. Les chercheurs du MIT tentent désormais de rendre le tissu intelligent biodégradable. En Chine, les scientifiques de l’Université de Nankai Tiajin misent, eux, sur des vêtements thermorégulateurs fonctionnant à l’énergie solaire. Là encore, l’idée est d’adapter la chaleur du vêtement à la température ambiante. Le tissu combine une cellule solaire flexible avec un dispositif électrocalorique. Les chercheurs affirment ainsi pouvoir créer un vêtement capable de refroidir la peau par temps chaud ou de la réchauffer s’il fait froid.
Il est déjà possible de trouver des super tissus dans le commerce comme les jeans en Armalith, mis au point par Pierre-Henry Servajean. Le pantalon, réalisé en coton tressé, est doté de fibres utilisées pour fabriquer des filets de protection anti-météorites pour les satellites. Cela le rend ultrarésistant. Ce pantalon est notamment jugé utile pour les motards en cas de chute. Ralph Lauren propose, lui, le Polo 11 en édition limitée. La nouveauté de ce vêtement est d’être équipé d’un système chauffant permettant à l’usager de contrôler la chaleur de son vêtement depuis une application. La veste utilise, entre autres technologies, l'encre carbone et peut ainsi assurer une forme de minichauffage de 11 heures à son usager.
Cependant, les nouveaux industriels du textile ne misent pas uniquement sur des tissus super résistants. L’autre tendance vise à développer des vêtements capables de se réparer tout seuls, comme le propose déjà la marque Imperial motion. Lorsque le tissu se troue, les fils ne se rompent pas, mais s’écartent seulement. Il est ainsi possible de les replacer et de conserver son vêtement intact en frottant le trou pendant quelques secondes. La marque s’appuie sur la Nano Cure Technology (NCT), un matériau composé de nylon ripstop pris en sandwich entre deux couches de silicone et résistant à l’eau. Cette innovation est la première étape d’une technologie encore expérimentale, testée par des chercheurs américains. Celle de vêtements composés d’organismes vivants. Le tissu pourrait ainsi se réparer tout seul. On parle alors de textile biologique, utilisant par exemple une protéine existant chez le poulpe et dont on recouvre le vêtement. Une fois trouées et mis en contact avec l’eau, les fibres se raccommodent automatiquement en quelques secondes. Le recours aux organismes vivants est l’un des segments les plus prometteurs des vêtements du futur, comme le fait la marque australienne HercLéon avec ses vêtements « autonettoyants ». Le vêtement se compose de fil de cuivre provoquant la décomposition continue des bactéries. En y associant du bois de hêtre et de l’élasthanne, le tissu conserve une senteur agréable, en tuant les bactéries responsables des mauvaises odeurs. Le système permet alors à l’usager de n’avoir à laver son t-shirt qu’une fois par mois et ainsi de faire des économies d’eau.
Si le défi technologique motive bon nombre de chercheurs et d’entreprises, l’idée de proposer les vêtements le plus écologique possible semble également animer les marques. L’industrie du textile est l’une des plus gourmandes en eau, une ressource amenée à être de plus en plus rare à l’avenir. La fabrication d’un seul t-shirt en coton nécessite en effet 2700 litres d’eau douce. Cela correspond à la consommation d’eau d’une personne en 2,5 ans. Le secteur textile est la troisième plus grande source de dégradation de l'eau et d'utilisation des terres en 2020. Cela incite les marques à passer au vert si elles veulent continuer à vendre. L’enseigne française 1083 l’a bien compris avec le développement, depuis 2019, du jean infini. Une fois le pantalon usé, le propriétaire peut renvoyer son vêtement à la marque. Il reçoit alors la somme de 10 euros. Dans le même temps, le jean est broyé puis transformé en fil pour confectionner… un nouveau jean.