Près de la moitié des entreprises étrangères estiment l'attractivité de la France plombée depuis la dissolution de l'Assemblée nationale, selon une étude réalisée par le cabinet EY. Un dirigeant d’entreprise étrangère sur deux a réduit ses plans d'investissement dans l'Hexagone.
Selon le baromètre publié début novembre par le cabinet d’audit financier et de conseil EY (ex-Ernst & Young et associés), la dissolution de l’Assemblée nationale et la situation politique ont eu un impact sur les investissements étrangers cette année. La moitié des dirigeants interrogés en octobre 2024 estiment que l’attractivité de la France s’est dégradée depuis le mois de juin 2024.
Conséquence de cette instabilité politique, 49% des investisseurs étrangers auraient réduit leurs projets d’investissement en France. Selon l’enquête, aucune entreprise étrangère n’a annulé totalement ses investissements dans l’Hexagone et les résultats définitifs des investissements étrangers en France pour l’année 2024 sont en partie conditionnés à l’issue du débat budgétaire actuel.
Pour expliquer cette réduction de voilure, les investisseurs évoquent plusieurs motifs immédiats. Les incertitudes législatives et réglementaires sont sources d’inquiétude pour 59% d’entre eux car elles compliquent l’élaboration des business plans. Le ralentissement des réformes est le deuxième motif de désinvestissement (simplification administrative, retraites, réindustrialisation, etc.), la remise en question des décisions publiques dans des secteurs clés le troisième.
20 à 30% des investisseurs étrangers indiquent aussi être préoccupés par la situation budgétaire et économique du pays et le coût du travail. Les mesures inscrites dans le projet de loi de finances pour redresser les comptes publics, en particulier la réduction des aides aux entreprises, pourraient impacter sensiblement leur productivité et leur capacité à créer de l’emploi l’année prochaine.
Les dirigeants des entreprises étrangères comptent toujours sur la France, notamment pour l’investissement dans l’innovation et les services, mais sont plus réservés sur l’implantation d’usines et de sièges. Interrogés sur le sort des investissements non réalisés en 2024, 84% d’entre eux indiquent avoir reporté leurs décisions à 2025, voire après.
D’ici 2027, plus de 60% des investisseurs étrangers prévoient de développer des activités de recherche et développement ou de services en France. En revanche, 49% seulement ambitionnent d’y implanter ou d’y développer de nouvelles usines dans les trois prochaines années. Enfin, moins de 15 % des dirigeants étrangers envisagent de développer des centres de décision en France.