La censure du gouvernement Barnier pourrait contribuer à aggraver le déficit public de la France en 2025. Le projet de loi qu’il défendait ambitionnait de le ramener à 5 % du PIB, mais lui aussi a été censuré.
Pour la directrice de la Fondation IFRAP Agnès Verdier-Molinié, le déficit public va s'aggraver suite à la censure du gouvernement Barnier par l’Assemblée nationale le 4 novembre dernier. Les concessions accordées aux parlementaires lors des discussions sur le projet de Budget aboutissaient déjà à le revoir à la hausse entre 5,3 et 5,5% du PIB pour 2025.
Mais la censure entraîne l’impossibilité de promulguer la loi de finances d’ici le 31 décembre. La loi spéciale doit permettre à l’État de continuer à prélever les impôts en 2025, avec un périmètre limité n’incluant pas les mesures initialement prévues. Le déficit public risque donc de se creuser davantage l’année prochaine. La directrice de l’IFRAP table sur un déficit de 5,8% du PIB, voire supérieur à 6% si nos édiles ne parviennent pas à boucler un budget début 2025.
Les dépenses sociales pourraient également déraper de manière incontrôlée, notamment celles de la Sécurité sociale dont les plafonds votés par le Parlement sont plus indicatifs qu'autre chose. Car la censure n’a pas fait disparaître uniquement la loi de finances, elle a aussi entraîné la suppression de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025.
Et avec elle, la suppression de toutes les baisses de dépenses qu’elle prévoyait (rétablissement de jours de carence, baisse du remboursement des transports sanitaires et des consultations, sous-indexation des retraites...). La dépense publique risque donc de s’envoler et les comptes sociaux pourraient accuser un déficit de 25 milliards d'euros fin 2025, contre un déficit de 18 milliards prévu par la loi de financement de la Sécurité sociale.
Autre inquiétude, l'endettement de la France risque aussi de se creuser. Le plafond d’endettement de l’État a été fixé à 285 milliards en 2024 mais ses besoins pourraient grimper à 300 milliards en 2025. Une hausse de 15 milliards va devoir être actée rapidement pour éviter tout « shutdown » en 2025 !