Le marché mondial du luxe a reculé de manière sensible en 2024, une première depuis quinze ans. Selon Altagamma, spécialiste du secteur, il a fondu de 2 % perdant ainsi 50 millions de clients.
La fondation Altagamma est la référence mondiale en matière de compréhension du marché du luxe. Chaque année, elle publie des études menées en partenariat avec des acteurs internationaux prestigieux. Dans un rapport publié en fin d’année dernière, elle anticipe un recul du chiffre d’affaires mondial du marché du luxe de 2% en 2024 par rapport à 2023 (à taux de change constant), atteignant 1478 milliards d’euros contre 1508 milliards un an plus tôt.
Ce recul reflète en partie la normalisation du segment «haut de gamme» constaté après le fort rebond post-Covid. Il est aussi la conséquence des incertitudes économiques et géopolitiques ayant émaillé l’année 2024. Elles ont sensiblement pesé sur les résultats du secteur au troisième trimestre 2024. Selon Bank of America, le luxe a enregistré une baisse de revenus de 3% sur cette période, l’une des plus faibles performances hors la période Covid. Le taux de croissance annuel moyen sur cinq ans est ainsi tombé à 8,1%, en dessous du niveau historique de 9%.
Altagamma estime que le marché mondial du luxe a perdu 50 millions de consommateurs au cours des deux dernières années. Outre les inquiétudes économiques et le retour de l’inflation, la hausse continue des prix des grandes marques de luxe pousse les consommateurs à réduire leurs achats. Pour compenser la baisse de la consommation, les marques ont en effet fortement revu leurs prix à la hausse.
Les consommateurs asiatiques sont les premiers concernés, en particulier les jeunes générations, sur fond de difficultés économiques en Chine, d’augmentation de l’endettement des ménages et de changement de comportements d’achats. Un signal préoccupant car la Chine représente 22% des revenus du secteur et devrait dégager 60% de sa croissance d’ici 2030.
Ce repli des ventes et de la clientèle n’est toutefois pas généralisé. Les moins fortunés ont réduit leurs dépenses de luxe face à la pression économique, tandis que les consommateurs les plus aisés restent fidèles aux grandes maisons. Certains segments du luxe parviennent également à tirer leur épingle du jeu, comme la beauté (+6% en 2024) et les bijoux (+4,5%).