La santé connectée est en plein essor depuis le début des années 2000. À la clé : la promesse d’une meilleure gestion de la santé des individus, à l’aide des nouvelles technologies du numérique. Mais quelles sont les innovations que l’on pourra voir apparaître dans les années à venir ? Comment l’IA vient rebattre les cartes de la santé ? Les Français sont-ils prêts à entrer de plain-pied dans la santé intelligente ?
Imaginez avoir accès à une somme d’informations sur votre santé telles que votre fréquence cardiaque, votre niveau de stress ou encore votre taux de glucose à l’aide… D’un tatouage parsemé de capteurs invisibles. C’est l’une des innovations en cours de développement au sein de l’Université du Texas, à Austin, et de celle du Massachusetts Amherst. Il s’agit de tatouages électroniques en graphènes, aussi fins qu’une cellule humaine et plus performants qu’un électrocardiogramme. La prouesse est amenée à révolutionner le secteur de la santé connectée, déjà en plein essor. Chaque semaine est le théâtre d’une nouvelle annonce en matière de médecine intelligente. Le 8 avril dernier, Samsung a annoncé pouvoir désormais anticiper et comprendre l’apnée du sommeil des propriétaires et porteurs de sa nouvelle Galaxy Watch, grâce à l’IA. Pour ce faire, la marque coréenne s’est associée à la prestigieuse université Stanford. Chez Apple, on réfléchit déjà à l’intégration d’un assistant virtuel géré par l’IA et intégré à l’application santé du téléphone, d’ici 2026. Chaque usager profiterait alors d’une sorte de médecin virtuel de poche.
L’intelligence artificielle offre un nouveau souffle au concept de santé connectée. Ce dernier, né à la fin des années 90, est défini pour la première fois par John Mitchell, un consultant australien dans le domaine de la santé. Il y voit «l’usage combiné de l’Internet et des technologies de l’information à des fins cliniques, éducationnelles et administratives, à la fois localement et à distance». Depuis, les innovations fleurissent : bracelets connectés, applications médicales, cabine de téléconsultations… Selon une enquête menée par Capgemini, 63% des organisations du Life Science ont déjà commercialisé des produits de santé connectée, ou sont en train d'en développer. Près de 20% des organisations biopharmaceutiques ont déjà déployé des offres de santé connectée – soit six fois plus qu’en 2021. D’après la Haute Autorité de Santé (HAS), le nombre d’applications en santé a été multiplié par sept entre 2016 et 2020, passant de 100.000 à plus de 350.000.
La filière de la santé connectée implique les grands groupes industriels du médicament, les éditeurs de logiciels, les assureurs et l’ensemble des start-up appartenant à la HealthTech. Le marché est estimé à 2,5 milliards d’euros en France selon le cabinet d’études Xerfi. Il devrait progresser dans les années à venir grâce à l’IA générative. Cet outil va permettre de réaliser de nombreuses, missions comme l'automatisation des tâches médicales et administratives des structures de soins ou l'optimisation des processus de recherche médicale. En octobre 2024, une première opération chirurgicale réalisée conjointement par un médecin et une machine 4 IA, avec succès. L’objectif était de réussir à retirer une tumeur sans interrompre l'irrigation sanguine du rein et ainsi préserver l’organe pour une meilleure récupération du patient.
Certains médecins semblent enthousiastes mais la santé connectée dopée à l’IA peine encore à convaincre le grand public. Selon un sondage réalisé par Ipsos pour le Bristol Myers Squibb France et l'EDHEC Business School, seuls 21% des sondés se déclarent prêts à utiliser tout ce qui existe en termes de santé connectée. Un chiffre en baisse par rapport à 2022 : ils étaient alors 30% à être prêts à faire confiance à cette nouvelle méthode de soins. 37% des Français interrogés utilisent au moins occasionnellement une application de suivi de santé. C’est un résultat jugé faible et qui s’explique en partie par la crainte des sondés de partager leurs données de santé avec des acteurs du numérique. Seuls 12% de sondés se disent prêts à partager leurs données de santé personnelles avec des Gafam et 15% avec des banques ou assurances. Cette défiance peut renvoyer à l’actualité, car des données sensibles de groupes hospitaliers en France ont fait l’objet de 9 attaques cybercriminelles en 2023. Une fuite des données de la Sécurité Sociale a eu lieu en février 2024.